Nous voici au 5ème article de la série officielle de BiotifulVie intitulée « comment créer un jardin favorisant la biodiversité ». Cet article appartient, sans hésiter, au top 3 en terme d’importance pour votre jardin, donc à votre mémoire et attention s’il-vous-plait!
Introduction
La mare naturelle est le véritable point central de la biodiversité. C’est le bouton « déclencheur » si l’on veut. Comme expliqué dans l’article sur le récupérateur d’eau, l’eau est la source de la vie. Un point d’eau dans votre jardin permettra d’attirer d’innombrables insectes, amphibiens et autres vertébrés pour s’abreuver et se reproduire à souhait.
Toutefois, réaliser une mare de qualité et efficace ne s’improvise point sur un coup de tête. En effet, la construction de celle-ci constitue un investissement considérable (en argent et en temps) et demande une planification et réflexion très importante. Mais rassurez-vous, BiotifulVie vous explique tout cela en détail et avec une clarté limpide!
Pourquoi installer une mare naturelle dans son jardin?
- Apport de biodiversité unique tant pour la flore que la faune.
- Ressource d’eau pour la faune.
- Rend le jardin particulièrement beau.
- Zone très éducative pour les jeunes.
- Zone de fraicheur du jardin.
Préliminaires pour votre mare naturelle
Pour faciliter la lecture, les différents préliminaires vous sont présentés sous forme de points, comme une liste à checker.
- Une mare ne doit pas être trop petite: elle doit faire au moins 2 à 3 m².
- Le point le plus profond doit être d’au moins 75 cm jusqu’à 1 m 50.
- La position du point d’eau doit se trouver à plusieurs mètres d’arbres ou de buissons afin d’éviter une trop grande quantité de déchets stagnants dans l’eau.
- Si vous avez des jeunes enfants, il faut idéalement prévoir des barrières pour éviter tout accident.
- La mare devra être exposée plein sud pour s’assurer d’une chaleur et d’une luminosité suffisante pour les insectes et plantes.
- Un terrain plat est une nécessité pour éviter des pertes d’eau.
Si ces 6 préliminaires vous sont accessibles, nous pouvons passer à l’étape suivante à savoir la création de la mare.
Construction de la mare
Une fois l’emplacement idéal de la mare trouvé grâce aux préliminaires et au plan général de votre jardin, c’est le travail manuel qui nous attend!
- Délimitez avec des bâtons ou une corde la forme et taille de votre mare.
- Avec une bêche, commencez à creuser en escalier du côté exposé sud jusqu’à atteindre votre profondeur maximale. Vous pouvez faire une pente plus forte pour le côté exposé sud pour ajouter une diversité de terrain. Regardez le schéma ci-dessous pour comprendre directement.
- Gardez toute la terre enlevée pour vos futures plantations dans votre jardin.
- Enlevez tous les cailloux, branches et déchets pointus dans un premier temps qui pourraient endommager la bâche que vous allez placer.
- Ajoutez une couche de sable de 2-3 cm d’épaisseur dans l’ensemble de la mare. Celle-ci protégera la bâche des éventuels dommages.
- Recouvrez le sable avec une couche de géotextile.
- Posez enfin votre bâche en PVC ou en caoutchouc (plus coûteux) sur la couche de géotextile. Il faut que la bâche épouse parfaitement les marches d’escalier, vous pouvez le faire à la main ou en marchant à pieds nus. Cependant, ne bloquez pas encore celle-ci avec des pierres. Votre création devrait alors ressembler à ceci:
- Versez une première fois de l’eau du robinet avant de l’enlever pour éliminer les microparticules de plastique et que la bâche prenne la forme exacte de la mare.
- Une fois cela fait, vous pouvez attendre que la mare se remplisse naturellement soit avec la pluie, soit avec l’eau provenant de votre récupérateur d’eau. Il est préférable d’utiliser de l’eau de pluie car celle-ci est plus riche en nutriments et moindre en minéraux; ce qui est crucial pour que vos premiers organismes apparaissent!
- Creusez une tranchée sur les contours de la mare afin d’y placer les bords de la bâche. Il suffira alors de reboucher la tranchée.
- Vous pouvez maintenant déposer des rochers sur les bords de la mare pour bloquer votre bâche.
L’ajout des plantes et d’aide à la biodiversité
Bravo! Vous avez réalisé le plus dur! La dernière étape repose simplement sur l’ajout de plantes indigènes (surtout pas exotiques si vous voulez apportez de la biodiversité). Vous avez l’occasion d’opter pour l’achat de plantes bien spécifiques (voir plus bas) mais aussi pour la transplantation. Cette dernière méthode consiste à prendre (en très faible quantité) une plante provenant d’une mare naturelle voisine. Il suffit donc de retirer par exemple avec la racine 1 ou 2 plants d’une mare mais pas plus. D’ailleurs, vérifiez bien que l’espèce n’est pas protégée.
Pour faciliter l’arrivée de biodiversité, il est recommandé de prendre un seau d’eau d’une mare avoisinante. En effet, cette eau contient une quantité innombrable de phytoplanctons et de zooplanctons. Tous ces petits organismes (bactéries, crustacés, algues, etc.) sont les pilotis de la chaîne alimentaire aquatique. Sans eux, pas de vie!
Espèces de plantes possibles
On trouve deux (voire trois) types biologiques selon la classification de Raunkier pour les plantes de marais.
- Hélophytes: plantes se développant dans un milieu humide et dont la majorité des tiges sont à l’air libre. Ce sont typiquement les plantes que l’on mettra sur la berge de la mare. Par exemple, la reine des prés, la valériane et l’eupatoire sont parfaites pour cet emplacement et permettent d’attirer des insectes.
- Hydrohélophytes: plantes se développant dans un milieu humide dont les feuilles et fleurs sont à l’air libre (pas toutes les tiges). On retrouve dans cette catégorie les végétaux que l’on placera au niveau intermédiaire du bassin (entre les zones les moins profondes et les plus profondes – hybride). Par exemple, l’iris jaune, la sagittaire, la cornifle ou encore la myriophylle sont d’excellentes espèces pour cet espace.
- Hydrophytes: plantes se développant dans un milieu humide dont la majorité de celle-ci vit submergée. Ce sont les espèces que l’on déposera dans la partie la plus profonde de la mare. Par exemple, des plantes comme le nénuphar jaune ou le potamot feront l’affaire.
Toutefois, n’oubliez jamais que les plantes sont vite envahissantes et qu’il faut absolument contrôler leur développement pour éviter qu’elles prennent le dessus sur la mare.
Entretien d’une mare naturelle
La mare ne demande pas tant d’entretien une fois qu’elle est bien mise en place. Essentiellement, il faudra 1 à 3 fois par an enlever la végétation devenue trop imposante. Veillez également à ce qu’un minimum de nutriments extérieurs entre dans l’eau. Cela passe notamment par débarasser les feuilles, les branches et à ne pas tondre à côté de la mare (ce qui en plus tuerait la biodiversité aux alentours).
Après plusieurs années, il arrive assez souvent qu’une trop grande quantité de nutriments se soit accumulée. On appelle ce phénomène l’eutrophisation. Il engendre de très nombreuses conséquences négatives comme la prolifération d’algues, de bactéries ou de fougères embarassantes. Si cela arrive à votre mare, pas de panique! Il suffit de retirer l’eau et de recommencer à zéro. C’est le cycle de la vie!
Conclusion
Réaliser sa mare naturelle favorisant la biodiversité est un grand défi! Sans aucun doute, vous devrez suer pour y parvenir. Cependant, les résultats sont magiques. Pouvoir admirer une libellule se poser sur une feuille d’iris jaune, voir une larve de demoiselle en train de parcourir la mare ou encore écouter avec passion les grenouilles en quête d’un partenaire; tout cela relève de la vision de rêve. Peu importe le temps qu’il vous faudra pour construire votre mare, ce rêve deviendra une réalité que vos enfants, vos amis, vos animaux de compagnie et vous-même pourrez en profiter abondamment.
Bibliographie
- Refuges Naturels (A. Laurence et N. Palmaerts, 1991)
- Mon premier jardin biologique facilement – Fiona Hopes (Edition Marabout)
- 150 activités nature aux 4 saisons – Frédéric Lisak (Edition Milan Jeunesse)
- Favoriser la biodiversité au jardin – Sébastien levret (Edition Massin)
- Créer une mare naturelle – Jeunes et Nature
- Environnement Wallonie